C’est après voir vu et revu le film de 1980 « Les sous-doués » de Claude Zidi et être resté intrigué pendant des années par l’appareil vidéo enregistreur qu’on voyait dans la scène du détournement de la vidéosurveillance par les étudiants que j’ai voulu savoir quel modèle c’était et en avoir un.
Dans la scène, on voit les étudiants s’empresser de mettre en place un appareil avec un petit écran, relié à un gros boîtier ressemblant à une alimentation et à une caméra.
En cherchant sur le net, j’ai fini par tomber sur un forum qui indiquait que cet appareil était un magnétoscope à bobine vidéo 1/4" de la série des Akai VT.
Cette série de magnétoscopes portables a été introduite par Akai en 1967 avec le modèle VT-100 enregistrant en n&b et utilisant des bandes vidéos 1/4".
Comparé aux autres magnétoscopes grand public de l’époque qui utilisaient de la bande 1/2", celui-ci était le seul à utiliser de la bande 1/4" identique en largeur aux bandes de magnétophone à bobines. Cette série restera la seule à enregistrer de la vidéo en analogique sur cette largeur de bande.
La composition de cette bande n’est pas la même que celles pour magnétophones.
Les bandes pour l’enregistrement audio utilisent de l’oxyde de fer avec cette couleur marron caractéristique (c’est littéralement de la rouille sur un ruban !).
Tandis que celles pour l’enregistrement vidéo sur magnétoscope utilisent du dioxyde de chrome.
Par la suite, il y aura eu d’autres modèles apportant des évolutions :
- le VT-100s (celui dont je traite dans ce article) : ajout d’une fonction « STILL » pour continuer de lire la vidéo sur la bande lorsque la bande ne défile plus, un équivalent d’un mode « pause » actuel.- le VT-110 : permet l’enregistrement depuis une source extérieur tel qu’un tuner en option pour enregistrer des programmes TV ou tout autre source vidéo avec un câble adapté.
- le VT-120 : amélioration de la qualité de l’image
- le VT-150 : enregistrement en couleur
- le VT-700 : gros modèle de salon qui enregistre en n&b mais avec des bobines de 18cm permettant théoriquement jusqu’à 1h de programme (sur les modèles 60Hz américains et japonais, donc probablement plus sur un modèle européen 50Hz)
Petite digression et avis personnel concernant ce que j’avais pu lire lors de mes recherches pour trouver le modèle de magnétoscope dans le film « Les sous-doués » :
A l’époque où je cherchais des informations sur le magnétoscope vu dans le film, j’étais tombé sur un forum avec des utilisateurs qui en discutaient. C’était il y a plusieurs années, je n’ai malheureusement pas réussi à retrouver la discussion.
Mais je me souviens que certains disaient qu’ils trouvaient étonnant de trouver un tel appareil dans ce film de 1980 car c’était déjà une machine dépassée lors de la sortie du film.
De mon point de vue, cela ne m’étonne pas tellement car vu que c’est pour une utilisation par des étudiants pour faire une bêtise, ce ne serait pas impossible que dans l’histoire ils l’aient acheté d’occasion à petit budget.
En septembre 2020, en regardant de temps en temps les annonces LeBonCoin en cherchant « Akai VT », j’en ai trouvé une pour un magnétoscope Akai VT-100s avec ses accessoires et qui s’allumait d’après les photos.
Le prix était un peu élevé pour du matériel ancien qui avait besoin d’être remis à neuf (parce que vu l’age il y a forcément des pièces fatigués) mais cela faisait un moment que j’essayais d’en trouver un à remettre en marche avec pas un prix aussi stupide que sur eBay.
Exemple de résultats sur eBay pour « Akai VT » avec des appareils remis en état et d’autres « en l’état » :
Mais il faut se dire que le matériel sera forcément « pour pièces » ou à remettre en état à ce prix là.
Celui ci a tenu à insister sur le fait que les courroies étaient HS et que les bobines du magnétoscope ne tournaient plus du coup. Ce point ne m’a pas étonné du tout vu l’age du matériel.
Il m’a raconté avoir essayé tant bien que mal de son côté de trouver des pièces de rechange pour son ancien magnétoscope mais il n’a jamais réussi, même en essayer de contacter Akai.
Il m’a également dit qu’il souhait conserver ses bandes magnétiques pour tenter de les faire numériser plus tard. Je les aurais bien voulu pour avoir des bandes à tester mais cela peut se comprendre si ces bandes contiennent des souvenirs de famille.
L’affaire était conclue, quelques jours plus tard j’ai reçu l’ensemble du matériel avec le magnétoscope Akai VT-100s et sa sacoche de protection en cuir, une caméra VC-115 et sa valise de rangement, une alimentation VA-110, un modulateur RF pour brancher le magnétoscope à une télé via la prise d’antenne (et oui la Péritel n’existait pas encore à cette époque) et un ensemble de documentations d’époque.
Ainsi qu’un autre article pour refabriquer en impression 3D des attaches neuves pour refermer le compartiment, celles d’origines s’étant dégradés : lien
Vu que c’est un magnétoscope portable, il y a une sangle avec pour pouvoir le porter en bandoulière :
Le magnétoscope avec ma batterie faite maison incluse pèse un poids total de 6,4 kg.
Avec les batteries d’origine au plomb, on a un poids qui monte à 7,3 kg !
De quoi bien se muscler l’épaule ! Ou rendre votre ostéopathe heureux ...
- le connecteur EIAJ 10-pin pour la caméra
- le réglage automatique ou manuel de tracking
- un connecteur Jack 3,5mm pour un microphone supplémentaire
- le connecteur DIN pour l’alimentation
Sur le gauche, il y a le connecteur de sortie vidéo :
Celui-ci sert pour y connecter un moniteur optionnel Akai VM-110 ou un modulateur RF.
Le modulateur RF venu en France ne semble pas avoir été fabriqué par Akai au Japon.
Au vu de la construction et du fait que je n’ai pas trouvé d’inscription dessus, je pense qu’il a été fabriqué par Akai France ou une par une autre boite française en petite série.
Le mien a été modifié pour avoir une sortie directe audio et vidéo composite (enfin juste la luminance vu que c’est un magnétoscope n&b) via une prise péritel qui n’existait pas lorsque le magnétoscope a été commercialisé.
De la documentation était également fournie avec cet ensemble vidéo :
Version PDF de la documentation sur les conseils d’emploi : Conseils_d_emploi_akai_vt100s_vt120.pdf
Pour aller avec tout ça et pour m’aider dans la réparation, j’ai pu trouver un manuel de service proche de celui pour mon modèle.
Il s’agit de celui du VT-100 fonctionnant en 60 Hz. Il y a donc des différences sur l’électronique par rapport à mon VT-100s en 50 Hz mais il peut tout de même servir de bonne base.
Manuel de service : akai_vt-100_video_tape_recorder.pdf
L’alimentation VA-110 se branche au magnétoscope via un connecteur DIN qui sert autant à alimenter le magnétoscope et la caméra qu’à recharger sa batterie 12V (au plomb d’origine) interne.
J’ai écrit un article dédié à la remise à neuf de cette alimentation juste là : lien
La caméra VC-115 se connecte via le connecteur EIAJ 10-pin qui fournit l’alimentation en 9V avec les signaux de synchronisation et de blanking.
En mode capture d’images, la caméra ne génère pas ses propres signaux de synchronisation. Elle a besoin du magnétoscope pour cela afin de contrôler le capture vidéo qui va donner l’image qui devra être synchrone avec le positionnement des têtes vidéos lors de l’enregistrement.
Cela permet également un allègement de l’électronique dans la camera ce qui n’est pas une mauvaise idée d’un point de vue du poids.
En lecture, lorsque le viseur électronique ne sert qu’à visionner ce qui a été enregistré, aucun signal de synchronisation séparé n’est envoyé à la caméra. Il n’y a que les signaux de synchronisation de base présents dans le signal vidéo contenant l’image envoyés du magnétoscope vers la caméra qui sont présents.
J’ai testé de brancher la caméra pour voir le rendu.
Elle s’allume, j’ai des traits obliques visibles à l’image mais celle-ci reste plutôt fine dans le viseur pour du matériel de cette âge.
J’ai des caméras plus récentes qui n’arrivent même pas à sortir une image stable dans le viseur.
Il faut bien noter que cette caméra s’alimente en 9V car la plus part des cameras vidéo de l’époque utilisant le même connecteur fonctionnaient sur 12V.
Si on alimente la caméra VC-115 en 12V au lieu de 9V, il a de très fortes chances que cela détruise l’électronique de la caméra.
Exemple avec un magnétoscope VHS Pathé Marconi VK306V (version rebadgée du JVC HR-2200-S) :
Il y aura un article dédié à la remise à neuf de cette caméra plus tard … ;)
Bon, maintenant le magnétoscope …
En testant de l’allumer puis de le mettre en lecture sans bande, je découvre l’arrêt automatique quand il n’y a plus de bande.
Je constate également que les bobines ne tournent plus. Ce qui est normal si les courroies sont mortes.
En attendant de trouver des bandes pour cet appareil, j’ai voulu l’ouvrir pour inspecter et voir ce qu’il y avait à remplacer pour tenter de le remettre en marche au moins mécaniquement dans un premier temps.
Pour l’ouvrir, il faut d’abord retirer le cache du tambour vidéo et des têtes fixes en le tirant vers le haut :
Puis dévisser la pièce qui cache le guide de bande de la bobine débitrice ainsi que le premier cabestan :
Il faut ensuite dévisser le guide tenu par un boulon, le petit galet du premier cabestan tenu par une vis et le gros galet du second cabestan en tournant le cache décoratif du dessus qui est en fait une vis :
Pour finir, il faut enlever les trois vis supérieurs ainsi que les deux vis inférieures qui font aussi attaches de fermeture pour le couvercle du magnétoscope :
On peut ensuite enlever le panneau supérieur et avoir accès à l’intérieur de l’engin.
Première chose que je constate : certains galets en caoutchouc sont en très mauvais état.
D’autres sont encore là mais sont très durs.
Petit détail visible sur une des photos : certaines vis sont abîmés. L’ancien propriétaire a peut-être tenté de jouer un peu trop avec.
Seconde chose : il ne reste que les 2 courroies pour le compteur. Les autres ont disparu !
En fait non, elles n’ont pas disparus mais se sont décomposés en petits morceaux et l’ancien propriétaire avait gardé des petits morceaux.
Les petites taches blanches dessus ainsi que sur les galets sont le signe qu’elles ont moisi !
J’ai commencé par tenter de prendre des mesures de ce qui reste des anciens galets avec le diamètre intérieur, extérieur et la largeur.
Après cela j’ai nettoyé les supports de galets avec de l’alcool isopropylique.
Par moments, il pouvait y avoir des restes de caoutchouc difficiles à retirer. Pour les enlever je grattais soit avec un petit tourne-vis pour les plus gros morceaux, soit avec un du papier de verre 400. Ça prend du temps mais le résultat final est propre !
A partir de mes mesures, j’ai commandé des galets chez WebSpareParts dont les caractéristiques s’approchaient le plus de ce que j’avais pu mesurer.
Quelques temps plus tard, j’ai reçu les galets et je les ai installés à la place des anciens ou ce qu’il en restait.
Un des galets que j’ai acheté, celui qui sert au rembobinage, est trop grand. Pour celui là, j’essaierai d’en trouver un autre dans une prochaine commande.
C’est pas toujours facile de trouver le galet qui va bien. Il faut parfois un diamètre assez précis. De plus, quand on trouve le bon diamètre, cela peut-être la largeur qui fait défaut.
Si c’est la largeur qui est un peu moins grande que le galet original, c’est pas trop grave mais c’est pas optimal pour la transmission d’énergie.
Avec 4 galets pas trop mal sur 5, la bobine réceptrice tourne !
Maintenant que je peux faire passer une bande et la recevoir dans une bobine réceptrice, il me faudra une bande !
De la bande vidéo 1/4", ça court plus tellement les rues et les bandes d’occasion pour ce matériel ne sont pas toujours faciles à trouver à prix correct.
J’ai donc voulu tenter une expérimentation : faire de la bande vidéo 1/4" en coupant en deux de la bande vidéo 1/2". On trouve cette dernière très facilement puisque c’est qu’utilisaient les cassettes VHS.
J’ai alors bricolé un petit outil avec une lame de cuter pour découper la bande en son milieux. En faisant défiler la bande de la bobine VHS à travers l’outil vers deux bobines 1/4" accueillant les deux demi bandes 1/2", j’ai pu obtenir de la bande vidéo 1/4".
Bon… Le résultat de la découpe n’est pas excellent et aussi précis qu’en usine.
Mais j’ai quand même essayé ma bande découpée maison dans l’appareil.
J’ai enregistré quelque chose et relu ensuite la bande. Le résultat n’est pas parfait, l’image saute mais elle est là.
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J’ai décidé alors de tenter d’utiliser de la bande 1/4" destinée au matériel audio.
En cherchant sur Internet, j’ai lu qu’il arrivait que les gens, dans les années 70, utilisaient de la bande audio 1/4" à la place de la bande vidéo pour des raisons de coût de la bande.
Utiliser de la bande audio au lieu de bande vidéo faisait qu’on avait une moins bonne qualité d’image mais cela fonctionnait quand même.
J’ai également lu que lorsque les gens utilisaient ce type de bande sur ce magnétoscope, elles finissaient par détruire des têtes vidéos qui passent très vite dessus car les bandes audio sont plus abrasives que les bandes vidéo.
Je veux bien croire cette information car les bandes audio grand public n’était pas prévu pour défiler très rapidement sur les magnétophones grand public. En général, à 4,5 ou 9 cm/s.
Sur ce magnétoscope, la bande défile longitudinalement à 23,85 cm/s pour les modèles 50 Hz et à 28,6 cm/s (11,25 pouce/s) sur les modèles en 60Hz.
C’est énorme ! Les magnétophones semi-professionnels, comme le Revox A77 de l’époque, montent généralement jusqu’à 19 cm/s.
Sur les magnétoscope, on a aussi des têtes vidéos rotatives qui tournent très vite pour enregistrer un maximum d’information. Sur cet appareil, elles sont à environ 6 m/s !
(N’ayant pas pu trouver cette dernière information sur le net ou dans des documentations, j’ai pris le diamètre du tambour vidéo à 7,6 cm que j’ai multiplié par 25 pour 25 trames par secondes à 50Hz pour 1 trame par tête. Donc chaque tête vidéo parcours 597 cm en une seconde.)
De plus, je pense que les bandes audio « cheap » de l’époque ne devaient pas aider si elles étaient éventuellement plus abrasives que les bandes audio de qualité normale.
Les bandes vidéos sont donc moins abrasives à haute vitesse et peuvent stocker plus d’information.
Mais qu’en est-il si j’utilise de la bande audio professionnelle pensée pour défiler rapidement devant des audios de magnétophones professionnels pouvant aller à 38 ou 76cm/s.
J’ai donc commandé de la bande neuve récente RTM LPR35 chez Thomann pour tester.
Le magnétoscope arrive à enregistrer et à relire (comme il peut vu son état encore) le contenu sur la bande :
On remerciera le chat qui a bien voulu jouer le rôle d’acteur devant la caméra pour ce test en voulant rentrer dans la sacoche de rangement de la caméra. :D
Le problème de largeur de bande imprécis étant réglé, j’ai désormais un support d’enregistrement, certes pas optimal car ce n’est pas de la bande vidéo mais suffisant pour continuer la remise en état.
Pour savoir combien de temps cette bande pouvait durer sur ce magnétoscope, je l’ai laissée tourner jusqu’à la fin.
J’ai obtenu une durée de 19 minutes et 48 secondes. C’est pas mal !
Il m’a également été possible de voir de système d’arrêt automatique en fin de bande se déclencher.
J’ai tenté de faire une nouvelle expérimentation en utilisant de la bande DV qui fait de base 1/4" en sacrifiant une cassette DV.
Après avoir testé d’enregistrer puis de relire, c'est un échec ...
Le signal vidéo lu est très faible (problème de bias ?) et la bande est tellement fine qu'il arrive qu'elle se glisse et se coince dans le petit espace où passe la tête du tambour vidéo en rotation.
Quelques temps après, en achetant sur LeBonCoin un Akai VT-120, j’ai obtenu une bande vidéo Akai VT-5 d’époque et j’ai pu la lire sur mon Akai VT-100s.
Cependant, l’image saute beaucoup.
J’ai remarqué qu’une de mes têtes fixes était de travers. Le positionnement des têtes a peut-être été bricolé par l’ancien propriétaire ...
A partir de cette bande d’époque qui contient théoriquement un signal correctement enregistré, je peux m’en servir comme d’un enregistrement de référence et réaligner les têtes fixes.
J’ai pu obtenir quelque chose de correct à l’écran avec encore quelques sauts d’image.
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Puis je suis retourné à mon histoire de galets et j’ai commandé un nouveau galet pour celui qui fait le rembobinage.
Ou plutôt exactement TROIS car je n’ai pas pu trouver UN galet avec la bonne largeur donc il a fallu en combiner trois !
Je vous l’avez dit, avec les galets c’est parfois un compliqué d’arriver au bon résultat …
Mais au moins le rembobinage marche.
Enfin ... il y a pas mal d’accoups et en fin de rembobinage, on voit que ça a du mal à continuer… Ça marche mais il faut aider un peu la mécanique à la main.
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J’ai laissé de côté cette histoire en attendant de trouver mieux car le fait de devoir combiner plus galets pour en faire un et être obligé d’utiliser du ruban d’adhésif épais pour arriver au bon diamètre ne me plaît pas trop …
En attendant, ça « marchouille » et je peux quand même continuer pour la suite.
J’ai commencé alors à m’occuper à remettre en l’état l’électronique !
Dans un appareil électronique des années 70, qui a donc une cinquantaines d’années au moment où j’écris ces lignes, il y a un type de composants qui a de très fortes chances d’être défectueux avec l’age : c’est les condensateurs chimiques.
Afin d’obtenir une électronique qui fonctionne parfaitement, il faut tous les remplacer.
D’abord, une analyse générale.
Mais pour cela, il faut sortir l’intérieur du magnétoscope de son boîtier en plastique afin d’accéder au dessous.
Puis les 3 vis sur les côtés :
Et pour finir les 4 vis de la façade pour la retirer :
Il n’y a plus qu’à lever l’intérieur du magnétoscope avec son châssis pour qu’il sorte :
On a de l’électronique au dessus de l’appareil et ainsi qu’en dessous.
N’ayant que le manuel de service pour le VT-100 en version 60Hz et ayant un VT-100s en version 50Hz, j’ai pu tout de même m’en servir pour identifier ce que faisait chaque PCB :
L’espace vide en haut à droite, c’est le compartiment pour batterie.
Un article dédié où j’en fabriqué une sur mesure existe déjà : Fabrication d’une batterie de remplacement pour magnétoscope Akai VT.
Certains condensateurs semblent avoir fuit :
Le positionnement de ce condensateur céramique m’étonne. Je trouve que c’est bon moyen pour faire un court-circuit entre les pattes.
Je vois aussi quelques condensateurs au tantale. Ce type de condensateur est connu pour faire des court-circuits en vieillissant. Ils seront remplacés en même temps que les condensateurs chimiques.
Après ce petit tour, c’est parti pour étudier un peu plus chaque condensateur chimique et tantale et de les lister.
Ces blocs verts ou oranges sont des modules de circuits intégrés spécifiques.
Ces modules seraient appartement peu fiables.
De part leur forme pas très standard comparé à aujourd’hui et même déjà à l’époque pour des circuits intégrés, on pourrait se dire que ça serait très compliqué de trouver des pièces de remplacement.
Et bien pas tellement ! Non seulement, on peut tenter de les fabriquer soi-même en utilisant des « gros » composants car on peut trouver leur schéma interne de certains de ces modules dans le manuel de service mais en plus, certains passionnées ont carrément recréé ces modules !
Plus d’informations là : http://www.dasarodesigns.com/projects/designing-replacements-for-the-hybird-ics-used-in-the-akai-vt-100-video-recorder/
Et là : https://antiqueradios.com/forums/viewtopic.php?f=3&t=161384&start=40
Source image : http://www.dasarodesigns.com/wp-content/uploads/2014/03/LM-1.png
Voici un exemple de remplacements de modules sur un Akai VT-110 par des versions « maisons » et par des versions modernes sur PCB par dutchflyingpilot :
Le système d’arrêt automatique est relativement simple.
Il y a un micro-switch qui commande l’alimentation principale et un levier.
A l’arrêt ou lorsqu’il y a une bande, ce levier levé maintient ce micro-switch en position activée.
Mais lorsqu’il n’y a plus de bande, le levier parcoure tout son chemin et relâche le micro-switch qui coupe l’alimentation.
Reprenons notre lisiting de composants …
Les vieux restes de courroies ou de galets en caoutchouc, ça se fout partout …
Je me suis étonné par moment par les choix techniques faits comme avec ce câble beaucoup trop long je trouve :
J’ai noté les caractéristiques suivantes pour chaque condensateur :
- Catégorie (« Chimique », « Tantale », ...)
- Marque et série (quand c’est identifiable)
- Type (« General purpose », « Low ESR », …)
- Capacité
- Tension
- Dimensions physiques (Longueur, largeur et écartement des pattes si nécessaire)
Cela représente donc en tout 82 condensateurs à remplacer dont 71 chimiques et 11 tantales.
Liste des condensateurs au format PDF : Akai VT-100s - Composants d'origine et de remplacement.pdf
Le chat m’a une fois de plus beaucoup aidé dans la réalisation de ce listing. :)
A partir de ce que j’ai noté, j’ai alors commencé à chercher des références de composants de remplacement.
J’ai décidé de remplacer toutes les condensateurs chimiques et tantales par des condensateurs chimiques de chez Nichicon et Panasonic.
J’aurais pu remplacer les condensateurs tantales par des condensateurs du même type au tantale mais je savais qu’à l’époque de cet appareil les condensateurs tantales étaient parfois utilisés en remplacement des condensateurs chimiques en raison de leur plus petite taille.
Vu qu’on est sur un appareil portable, cela paraît logique comme utilisation. Surtout qu’il est quand même déjà d’une certaine grosseur et lourd.
Mais si on s’en tient juste à l’aspect physique et dimensionnel, les condensateurs chimiques d’aujourd’hui ont bien réduit en taille et il est tout à fait possible de trouver des chimiques neufs de la même taille voir plus petits que les anciens tantales de ce magnétoscope.
Je ne suis d’ailleurs pas bien fan des condensateurs au tantale qui ont la fâcheuse tendance à défaillir en se court-circuitant.
Je préfère les condensateurs chimiques qui « meurent » un peu plus progressivement.
Bon. Si par contre l’utilisation de la technologie tantale avait une réelle utilité ici, comme le fait d’avoir besoin obligatoirement d’un condensateur avec un ESR très faible, bien sûr que je reviendrait en arrière et je remplacerai alors les anciens tantales par du tantale neuf.
J’aurais pu le faire dès le début mais je voulais voir ce que ça allait donner avec des condensateurs chimiques de bonne qualité et pour voir si la théorie de l’utilisation des tantales au lieu de chimiques juste pour leur taille était vraie.
Si l’appareil marche bien avec que des condensateurs chimiques, c’est qu’elle l’est bien.
Quelques temps plus tard, j’ai reçu tous mes composants. J’ai pu alors commercer le remplacent des anciens condensateurs.
Les condensateurs de remplacement sont bien plus petits que les anciens !
En dessoudant les anciens, j’ai pu remarquer que certains condensateurs avait de belles traces de fuites.
La quasi totalité des condensateurs chimiques présentaient des signes de fuite de courant faussant la lecture au testeur. Juste quelques uns étaient encore « corrects ».
Pour les condensateurs au tantales, certains étaient bon et d’autres plus tellement bon :
Après cette remise en état de l’électronique, j’ai testé de faire un enregistrement.
C’était bien meilleur mais pas complètement. Le défilement de la bande semblait légèrement instable.
En regardant la mécanique, j’ai aperçu que le premier galet, qui à l’origine semblait avoir été bougé d’après les traces laissés sur les vis, n’appuyait pas complètement sur le cabestan en fonctionnement.
Il a fallu aussi réajuster la tension de bande qui semblait un peu trop faible en repositionnant un élément qui presse sur le support de la bobine débitrice.
Histoire d’être vraiment sûr que le fonctionnement est bon, j’ai vérifié la vitesse de fonctionnement du moteur de cabestan.
Pour cela, il faut aller sous le magnétoscope pour accéder à la PCB PX-513 « Cabestan Motor Drive Circuit » et mesurer l’un des trois poins suivant avec l’aide d’un oscilloscope ou d’un fréquence-mètre.
La fréquence mesurée doit être de 83,3 Hz à 0,1 Hz près.
Si la fréquence mesurée diverge un peu, tourner ce potentiomètre pour réajuster la fréquence :
Le moteur du tambour vidéo ne nécessite lui pas d’ajustements d’après le manuel de service.
Et après toutes ces manipulations, le magnétoscope fonctionnaient enfin correctement ! \o/
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En utilisation « portable », j’ai remarqué que le solénoïde qui permet de presser les galets sur les cabestans lors de la mise en lecture/enregistrement semblait être bloqué par moments.
Après une relubrification avec un peu d’huile 3-en-1 trouvable en supermarché, il y a plus de soucis.
Quelques jours plus tard, je suis partit pour un séjour en Lozère et j’ai embarqué le magnétoscope VT-100s, une caméra VC-115 et une bande LPR35 !
Même si mécaniquement il n’était pas encore parfait à cause de certains de ses galets pas exactement à la bonne taille, il était utilisable.En me promenant avec le magnétoscope dans un sac à dos (il est vraiment trop lourd à force en bandoulière) et la caméra à la main, j’ai filmé environ 10 minutes de vidéo.
En visionnant et en écoutant l’enregistrement, j’ai remarqué un problème que je n’avais pas identifié avant : le son enregistré est beaucoup trop fort. Ce qui fait qu’à la restitution, on entends un son assez saturé.
Après un petit réajustement du réglage de contrôle de gain automatique (Automatic Gain Control) sur la carte électronique dédiée à la gestion du son, c’était bon !
Le diagramme que j’ai mis est celui de la carte de gestion audio PX-505 sur les Akai VT-100 60Hz.
Visuellement, il est très similaire à ce que j’ai avec la carte PX-A502 du Akai VT-100s 50Hz et je n’ai pas vu de différence au premier coup d’œil.
Revenons à notre histoire de galets ...
Le magnétoscope marche bien lecture et avance rapide mais en rembobinage il a du mal.
Je suis obligé de maintenir de bouton de rembobinage enfoncé à fond pour que le galet en caoutchouc qui permet cet action appuie suffisamment sur le support de bobine pour le faire tourner. Et encore, ce n’est pas assez car en fin de rembobinage, je suis obligé d’aider la bobine à la main à finir le travail.
Les 3 galets en caoutchouc que j’ai dû utilisé n’ont pas suffisamment un diamètre extérieur assez grand pour que la mécanique fonctionne correctement. Il manque vraiment pas grand chose.
Même en utilisant la technique consistant à utiliser du ruban adhésif épais, cela ne suffit pas.
Je pourrais rajouter encore plus de ruban adhésif mais cela fait vraiment pas propre.
Pendant la période où je m’occuperais de l’électronique du magnétoscope, j’avais également commencé à tester de refaire le galet d’un magnétophone en impression 3D en utilisant du TPU (Thermoplastic PolyUrethane).
Cette matière permet de réaliser des objets plus ou moins dur ou mou en fonction de l’indice de dureté Shore du filament TPU utilisé. Le Shore étant une indice définissant la dureté d’un élément mou, caoutchouteux, etc ...
J’ai testé d’utiliser cette matière pour recréer quelque chose proche du caoutchouc.
Le résultat était discutable mais fonctionnait.
Vu que j’ai du mal à trouver les bons galets à la dimension parfaite, j’ai eu l’idée de me créer mes propres galets sur-mesure en utilisant l’impression 3D en TPU.
J’avais déjà du filament TPU en Shore 95A. Il est un peu dur mais il sera pas mal pour commencer les tests.
J’ai donc réalisé un premier galet en TPU et celui-ci a plutôt bien marché !
Le support de la bobine débitrice avait bien plus de force et n’avait déjà plus d’accoups lorsqu’il tournait.
J’ai alors réalisé un second galet en TPU pour remplacer celui en contact avec le premier galet en TPU composé sur le moment de 2 galets en caoutchouc.
Mais là le résultat n’était pas probant.
Les deux galets en TPU Shore 95A étaient trop durs et n’arrivaient pas à fonctionner entre eux.
J’ai donc commandé du TPU plus « mou » RECREUS Filaflex avec un Shore 82A.
Lien FilImprimante3D : https://www.filimprimante3d.fr/fil-flexible-175-mm/1194-filaflex-175-mm-transparent-250-grammes.html
Puis j’ai refais mes deux galets en TPU 82A.
Après quelques correctifs de dimensions, c’était bon !
Ils fonctionnaient bien ensemble et l’énergie est bien transmise d’un galet à l’autre jusqu’au support de bobine débitrice.
Et le rembobinage fonctionne désormais correctement et sans aide pour la fin !
Puis j’ai refait tous les 3 autres galets de la même façon :
Paramètres d’impression :
- Imprimante : Creative Ender 3 V2
- Filament TPU Shore 82A RECREUS Filaflex
- Largeur d’impression : 0,1mm
- Température d’impression : 220°C
- Température du plateau : 70°C
- Densité de remplissage : 100 %
- Imprimante : Creative Ender 3 V2
- Filament TPU Shore 82A RECREUS Filaflex
- Largeur d’impression : 0,1mm
- Température d’impression : 220°C
- Température du plateau : 70°C
- Densité de remplissage : 100 %
- Vitesse d'impression : 30 mm/s
Temps d'impression : 15 à 20 minutes par galet
Dès que mes galets « maisons » se seront détériorés, je pourrai en refabriquer à l’identique !
Voici les dimensions et les fichiers STL des différents galets :
Nom galet |
Diamètre extérieur |
Diamètre intérieur |
Largeur |
Fichier STL |
DRIVE IDLER |
21,8 mm |
17 mm |
3,4 mm |
|
TAKE-UP IDLER |
23 mm |
19 mm |
5 mm |
|
FF. IDLER « A » |
23 mm |
19 mm |
4 mm |
|
FF. IDLER « B » |
26,5 mm |
23 mm |
6 mm |
|
RWD. IDLER |
22 mm |
17 mm |
6 mm |
Les dimensions de ces galets ont étés définies de telle manière à ne pas avoir besoin d’utiliser de colle pour faire tenir les galets sur les supports de galets.
Ils tiennent tous seuls par serrage.
Pour finir, j’ai remplacé certaines courroies que j’avais mises au début qui n’étaient pas parfaites en terme de tension ou de largeur de section.
J’ai utilisé ma technique personnelle de déterminaison de courroies qui était bien rodée à la fin de la réparation de cet appareil.
Voici les dimensions finales pour les courroies :
Nom courroie |
Type |
Longeur |
Diamètre |
Section |
Lien WebSpareParts |
FF. & RWD. DRIVE BELT |
Carrée |
182 mm |
58 mm |
2,0 mm |
|
TAKE-UP BELT |
Carrée |
132 mm |
42 mm |
1,75 mm |
|
COUNTER BELT 1 |
Carrée |
179 mm |
57 mm |
1,0 mm |
|
COUNTER BELT 2 |
Carrée |
119 mm |
38 mm |
1,2 mm |
Au moment où j’écris ces lignes, toutes les références sont toujours disponibles chez WebSpareParts.
Il se peut que d’ici quelques temps, celle-ci ne soient plus disponibles. Mais à partir des dimensions données dans le tableau, il sera possible de choisir des courroies qui s’en rapprochent le plus.
Je n’ai pas remplacé les grosses courroies plates sous le magnétoscope.
Malgré leur cinquantaine d’années, elles sont en parfait état et ne présentent aucun signe de dégradation, d’élongation ou de durcissement.
Si un jour, je les change, je mettre à jour cet article. ;)
Voilà !
La remise en état de ce magnétoscope est terminée !
L'image saute par moments car ma carte d'acquisition a du mal à numériser le signal mais sur un téléviseur l'image est correcte.
Je pense que cela est dû aux nombre drops visibles car j'avais oublié de nettoyer les têtes avant de filmer.
Et oui, il vaut mieux bien les nettoyer si on veut qu'elles enregistrent correctement. :)
Cette remise en état aura pris environ 1 an et demi mais j’ai pris mon temps et j’ai pu ainsi mettre en place des techniques personnelles de réparation comme celle pour trouver une courroie qu’il faut pour un appareil qui ont pu servir également à d’autres réparations.
Ce qui m’a lancé au début dans la volonté d’avoir un de ces magnétoscopes c’était, comme dit plus haut, le fait d’en avoir vu un dans un film.
Mais maintenant j’adore ces machine juste parce que je trouve ces vieux magnétoscopes portables analogiques super sympathiques et amusants du fait qu’ils utilisent de la bande magnétique 1/4" pour enregistrer de la vidéo ! :)