Lorsque je suis allé à un vide-grenier en 2019, j’ai vu ce Minitel en vente pour 2€.
La personne qui m’accompagnait à ce moment-là et qui connaissait mes expérimentations avec des Minitels m’a proposé de me l’offrir.
1) Présentation
Il s’agit d’un Minitel 1 de marque Telic-Alcatel modèle « TAE VB9.AE » datant du début des années 80.
J’ai voulu le tester dès qu’il est arrivé chez moi mais à ce moment-là, mon serveur Minitel n’était pas encore compatible avec les Minitel 1.
Seuls les Minitel 1B et supérieurs fonctionnaient correctement dessus à cette époque parce que je l’avais réalisé initialement avec la documentation technique pour Minitel 1B et utilisé des fonctionnalités qui n’existaient pas sur les Minitel 1.
Du coup, à peine arrivé, ce Minitel m’a été utile pour rendre mon serveur compatible avec les Minitels 1.
Quelques temps après, le Minitel 1 fonctionnait désormais correctement avec un serveur fonctionnant en local.
C’est un premiers terminaux Minitel qui ont été distribués en grande série à partir de 1982 majoritairement en Bretagne autour de Rennes à tous les abonnées France Telecom.
Le terme « TAE » dans le nom du modèle veut dire « Terminal Annuaire Électronique ».
Pourvoir consulter les annuaires téléphoniques de toutes les régions de France, c’était la première fonction du Minitel.
Il est équipé d’un clavier ABCD.
Le choix d’utiliser un clavier avec une organisation des touches alphabétiques en ABCD venait du fait que certains concepteurs du Minitel imaginaient que les gens n’arriveraient pas à se servir d’un clavier AZERTY.
Sauf que, même si l’informatique n’était pas encore très rependue dans les foyers au début des années 80, les gens avaient déjà vu ou utilisaient de temps en temps un clavier AZERTY avec les machines à écrire.
Version écran large avec sous-titres optionnels : https://www.youtube.com/watch?v=ILLMAKJDe9c
Il faut quand même se dire qu’il fallait proposer au grand public un engin qui allait prendre une place dans leur environnement personnel à côté du téléphone sur une tablette ou sur le bureau alors que l’ordinateur n’était pas encore aussi présent dans les foyers que bien des années plus tard.
Sur le dessus, on trouve le bouton d’allumage et de réglage de luminosité de l’écran.
A l’arrière, on trouve le câble d’alimentation et le câble téléphonique, un connecteur téléphonique femelle et une prise DIN femelle.
Le connecteur téléphonique femelle sert à y brancher le téléphone dont on a besoin pour composer le numéro du serveur Minitel à appeler (ou du kiosque 3615 et autres à l’époque où ces numéros étaient actifs).
Ce Minitel n’étant pas équipé d’un système de numérotation, il faut utiliser un téléphone ordinaire branché à l’arrière du Minitel ou ailleurs sur la ligne pour composer le numéro.
Lorsque l’utilisateur appuie sur la touche « Connexion/Fin » du Minitel, celui-ci prend la ligne et coupe la liaison téléphonique du téléphone branché à l’arrière du Minitel pour éviter les perturbations du signal entre le Minitel et le serveur par le micro du téléphone.
Une fois que l’utilisateur a terminé et qu’il appuie à nouveau sur « Connexion/Fin » pour se déconnecter, le Minitel relâche alors la ligne et rétabli la liaison sur la prise arrière pour que le téléphone devienne opérationnel tout à fait normalement.
Le connecteur DIN est une prise dite « Péri-informatique » qui permet des échanges de données informatiques en communication série à la vitesse de 1200 bit/s et servait pour connecter un périphérique externe.
Les tensions des signaux de données suivent les niveaux de tensions TTL.
Avec les modèles de Minitels suivants, le type de périphérique pour Minitel le plus courant a été une imprimante.
Sur ce modèle de Minitel, aucune tension d’alimentation n’est fournie via le connecteur DIN pour le périphérique qui y est branché contrairement aux Minitels de générations suivantes.
Il est donc possible d’utiliser que des périphériques ayant leur propre alimentation.
Ce connecteur DIN à 5 connexions qui suivent l’organisation suivante :
Sous le Minitel, proche de l’arrière avec les connecteurs, on retrouve des inscriptions techniques sur le modèle, son numéro de série ainsi que sa date de fin de garantie fixée ici à la 50e semaine de 1984.
Bon, elle est bien jolie cette boite avec des touches mais il y a quoi dedans ?!
Il faut la démonter pour savoir. Voici la procédure :
- Ouvrir le clavier du Minitel :
- Mettre l’appareil sur son écran (en fait sur la structure grise foncée qui tient l’écran) :
- Retirer le cache arrière en s’aidant d’un petit tournevis plat pour pousser les clips d’attache et faire levier.
- Déloger les câbles du cache pour qu’ils puissent être plus facilement manipulés.
- Mettre l’appareil couché sur le côté.
- Sous l’appareil, il y a des attaches cachés sur lesquelles il faut appuyer avec un petit tournevis pour les faire rentrer et ainsi déloger l’intérieur de l’appareil du reste du coffret.
- L’écran devrait alors se déloger tout seul.
- Il ne reste qu’à finir le travail en tirant à la main.
Attention aux câbles derrière l’appareil qui sont alors tirés vers l’intérieur !
Il est possible de faire rentrer le cache transversalement dans son emplacement pour le faire rentrer dans le coffret et continuer de tirer sur les câbles sans les abimer.
Tirer la partie écran pour faire ressortir l’écran et le reste de l’électronique.
L’intérieur du Minitel est désormais accessible !
Attention à la nappe du clavier !
Cette dernière est soudée directement au circuit imprimé contenant la partie logique.
On observe que tous les circuits imprimés tiennent sur une structure en plastique qui englobe le tube cathodique.
Il est impossible de connaître la référence du modèle d’écran utilisé dans démonter ce structure en plastique.
Je n’ai pas cherché à démonter cette structure de peur de la casser. Si un jour, il m’arrive d’avoir accès au CRT directement, je mettrai à jour les informations ici.
Celle-ci est soudée directement. Pour pouvoir la sauvegarder plus tard, il faudra la dessouder.
Une étiquette, posée dessus et marquée « 2368 », est tombée lors de la manipulation.
Je l’ai remise sur la puce avec un ruban adhésif en la positionnant sur la fenêtre d’effacement.
La partie logique est connectée à une seconde carte via une nappe directement soudée.
On est obligé de la dessouder de cette seconde carte pour poursuivre le démontage et l’analyse.
Arrivé à ce point, le Minitel n’est plus fonctionnel car l’alimentation de la partie logique arrive via cette nappe.
Le circuit imprimé de la partie logique peut être désormais retiré du châssis en plastique de l’écran.
Certaines encoches le maintien en place. On peut s’aider d’un tournevis plat pour les écarter délicatement et ainsi déloger la plaque de circuit imprimé.
On peut ensuite le poser sur le clavier dont la nappe y est toujours soudée afin de la dessouder et déconnecter le clavier.
La partie logique est désormais libre.
Cette partie logique était reliée par une nappe au circuit imprimé de la partie modem.
La partie modem est reliée par une autre nappe au circuit d’alimentation et de gestion vidéo.
Et pour finir, il reste le circuit imprimé qui est connecté au CRT, appelé aussi neckboard :
Avec toutes les circuits imprimés en place partiellement déconnectés entre eux, ça ceci :
Retour la partie logique :
Sur un des bords du circuit imprimé coté composants, on trouve l’inscription « T.I.C. 25/82 ».
Cela pourrait signifier que ce circuit imprimé a été conçu au milieu de l’année 1982.
Sur ce côté composants, il n’y a pas de vernis pour protéger les pistes. Il faut faire à attention à ne pas les arracher.
Côté soudures, rien d’extraordinaire.
Là, les pistes sont protégés avec un vernis vert classique.
On trouve des inscriptions avec deux codes et le texte « SOUDAGE ED 4 » qui sont probablement liés au processus de fabrication de ce circuit imprimé.
Retour côté composants et analyse de ces derniers :
On retrouve bien sûr la ROM 2732 (datasheet) qui est une EPROM effaçable aux rayons UV et qui contient le programme interne de ce Minitel qui lui permet de fonctionner.
Elle a été dessoudée pour être sauvegardée sur un programmateur de ROM puis remise en place sur un support.
Fichier ROM : ROM 2732 Minitel 1 ABCD Telic-Alcatel TAE VB9.AE.bin
Ce programme tourne grâce à un microcontrôleur D8039LC fabriqué par NEC qui un équivalent du Intel 8039 de la famille MCS-48 et est un équivalent ROM-less du Intel 8049 de la même famille.
Il n’a pas de ROM interne et doit utiliser une ROM externe pouvant aller jusqu’à 2 Ko.
Il possède 128 octets de RAM interne.
Plus d’infos là : https://en.wikipedia.org/wiki/Intel_MCS-48
Datasheet du Intel 8048/8039 : pdf
Datasheet du NEC D8039 : pdf
La famille de composants MCS-48 existe depuis 1976 et été longtemps un standard de l’industrie avec la famille MCS-51.
Ce famille de microcontrôleurs n’est plus produite par Intel depuis les années 90 et aucun fabricant à ma connaissance ne fabrique des puces de cette famille aujourd’hui qui été totalement remplacée par les puces de la série MCS-51 toujours produites.
C’est étrange d’avoir une ROM de 4 Ko entièrement remplie alors que le microcontrôleur ne peut gérer que 2 Ko de ROM …
Peut-être qu’il y aurait un mécanisme de bank-switching dans l’électronique afin de dépasser la limite de 2 Ko.
On pourrait supposer que cette ROM n’est alors pas pour le microcontrôleur mais peut-être pour autre chose comme une ROM caractères pour l’affichage vidéo mais il n’y a pas d’autre ROM dans le circuit.
Pas loin du microcontrôleur, on trouve un quartz de 7 MHz qui définie la cadence de ce dernier.
Truc original : La documentation technique originale de l’Intel 8039 mentionne une fréquence de fonctionnement pouvant aller jusqu’à 6 MHz.
Les microcontrôleurs de cette série ont vu le fréquence maximale monter de 6 jusqu’à 11 MHz ce qui a permit à ce Minitel de tourner à 7 MHz.
Chaque puce peut stocker 1024 mots de 4 bits chacun donc, en organisation en 8 bits (2 puces de 4 bits font 8 bits), les 4 puces donnent 2 Ko de RAM.
La partie graphique est gérée par le couple de puces EF9340 et EF9341 (datasheet) fabriquées par Thomson.
On peut donc en déduire que les 2 Ko de RAM 2114 présentes juste à côté sont pour la vidéo.
On voit que la puce EF9340 sort du RGB. Celui-ci est converti en niveaux de gris pour être affiché sur l’écran monochrome du Minitel.
En faisant quelques bidouillages, il y aurait moyen d’extraire les signaux RGB pour avoir une sortie couleur.
Comme pas mal de Minitels des années 80, celui-ci génère de la couleur mais qui est convertie en noir&blanc pour s’adapter aux limitations de l’affichage monochrome moins couteux à produite qu’un affichage couleur.
Ce couple de puces ne gère que le mode 40 colonnes. Les évolutions futures apporteront le mode 80 colonnes utilisés à partir du Minitel 1B.
La puce EF9340 qui génère le signal vidéo demande un signal d’horloge à 3,5 MHz.
On comprend mieux le 7 MHz du quartz qui donne un signal 7 MHz pour le microcontrôleur 8039 et un signal 7 MHz divisé par 2, soit 3,5 MHz, pour la puce EF9340 de génération de signal vidéo.
La puce EF9341 de génération de caractères contient déjà tous les caractères utilisés en Videotex.
Il serait possible d’ajouter d’autres caractères en utilisant 1 Ko de RAM ou de ROM dédié supplémentaire pour stocker une table de caractères supplémentaire.
La possibilité de définir ses propres caractères arrivera plus tard avec le Minitel 2 avec le DRCS.L’une sert pour la communication avec le modem et l’autre pour l’interface série TTL de la prise DIN péri-informatique.
Il n’y en a qu’une seule donc seuls 4 bits sont manipulés à chaque fois.
En 8 bits (2x 4 bits), elle pourrait stocker 128 octets.
Sa documentation technique indique qu’elle peut fonctionner jusqu’à 7V.
Avec la présence de piles 3V fournissant 6V, je pense que c’est dans cette puce que sont stockés les 2 emplacements mémoire de 16 octets accessibles par le serveur Minitel auquel le Minitel est connecté.
Seul le serveur où on est connecté peut les consulter et les modifier. L’utilisateur ne peut pas savoir ce qu’il y a dedans.
Certains services se sont servit de cette zone mémoire pour tracer les utilisateurs sans leur demander leur consentement.
Ce stockage local a été considéré comme un « mouchard » et fut déclaré illégal par la CNIL.
Vu leur âge, je ne m’attendais à rien de leur état mais j’ai quand même voulu les vérifier.
J’ai été surpris qu’elles étaient encore tout à fait fonctionnelles malgré leurs plus de 40 ans !
Mais comme les piles de marque VARTA ont une certaine réputation a se mettre à fuir avec le temps et détruire les pistes et mêmes composants autour, j’ai préféré les dessouder.
Il est possible de ne rien remettre à la place. Les données stockés dans la RAM statique ne seront juste pas conservées à l’arrêt du Minitel.
Celles que j’ai retirés étaient en très bon état sans la moindre trace de fuite.
En retirant les piles, j’ai trouvé de nouvelles inscriptions avec un code et le texte « ED 4 ORGANE ». Probablement d’autres informations liée à la fabrication du circuit imprimé.
- 74LS04 (datasheet) : 6 portes logiques inverseuses
- 74LS05 (datasheet) : 6 portes logiques inverseuses à collecteur ouvert
- 74LS14 (datasheet) : 6 portes logiques inverseuses Schmitt
- 74LS27 (datasheet) : 3 portes logiques NOR à 3 entrées
- 74LS51 (datasheet) : 2 portes logiques AND à 3 entrées vers une porte NOR et 2 portes logiques AND à 2 entrées vers une porte NOR
A quel moment quelqu’un chez les fabricants de puces TTL s’est dit qu’une personne aurait d’un truc aussi spécifique ?!
- 74LS74 (datasheet) : Double bascule type D
- 74LS156 (datasheet) : Double décodeur/démultiplexeur 2 vers 4 lignes à sorties à collecteur ouvert
- 74LS373 (datasheet) : 8 portes type D
- CD4093 (datasheet) : 4 portes logiques NAND à 2 entrées Schmitt
Toutes les informations de dates marqués sur le circuit imprimé et les composants semblent bien indiquer que ce circuit a été fabriqué en 1982 et plus particulièrement en milieu d’année.
Maintenant, la partie modem :
Ici c’est surtout de l’électronique analogique pour convertir des signaux numériques en analogique et vice-versa.
Le seul composant purement numérique ici : une puce logique TTL 7407 (datasheet) avec 6 portes buffer à haut voltage à collecteurs ouverts.
Il y a diverses puces analogiques présentes :
- MC1458P (datasheet) : Double amplificateur opérationnel à usage général
Cet AOP est similaire à deux AOP LM741 intégré dans un boitier DIP-8 sans entrée offset.
- TIC MODEM-01 HC1 5732-5 : C’est une puce qui fait la conversion analogique/numérique.
Je n’ai pas plus d’information dessus. Je n’ai pas trouvé de documentation technique … Peut-être un custom chip ?
- FCC 03 TIC 10 32 19 : Pareil. Pas de documentation technique trouvée.
Un custom chip également ?
Le manque d’informations sur ces composants est dommage pour le dépannage.
Bon, certes, on peut toujours trouver un vieux Minitel à moitié pété pour récupérer des composants en bon état. Ce modèle de Minitel n’est pas hyper courant mais n’est pas rare non plus encore actuellement.
On notera qu’on trouve pas mal de petits condensateurs RIFA blancs de la série PHE 353 ici :
Ces condensateurs PHE sont à film polyester et non à film papier comme les RIFA PMZ connus pour leur côté explosif lorsque l’humidité rendre dans le condensateur, imprègne le film papier qui ne devient plus isolant.
Ils peuvent donc les laisser là.
Après la partie modem, le circuit d’alimentation et de gestion vidéo :
C’est aussi ici de l’électronique analogique basique ici sans puce avec que des transistors, des condensateurs, des résistances et des transformateurs.
Je n'a pas trouvé de référence visible du transformateur de THT. Il est enfermé dans un boitier en métal. Je n'ai pas cherché à dessouder le boitier en métal pour avoir la référence.
L’alimentation ici est à découpage pour générer les basses tensions avec un transformateur SIEMENS avec la référence « AZ5-5701 ».
J’ai essayé de déterminer ce que faisait les potentiomètres :
Et pour finir, le circuit imprimé de la neckboard reliée au connecteur du CRT :
Là il y a juste quelques résistances, des condensateurs et des transistors. Rien de très complexe.
Mais il y a quand même un truc intéressant :
Coté pistes, on observe une curieuse zone avec des pistes qui ont été coupés par un découpage de la PCB.
C’est volontaire. L’espace laissé remplace des composants appelés « éclateurs » qui laissent le courant passer qu’à partir d’une certaine grosse tension.
Ils font office de protection contre les surtensions en faisant un court-circuit lorsque la tension est trop élevée, ce qui n’est jamais sensé arriver.
En voyant cette photo, je viens de remarquer un détail. J’ai l’impression que les soudures des contacts du CRT ont l’air douteuses et semblent être limite sèches.
Cela peut être une possible future cause de panne.
3) Remise en état
Dès le premier jour où je l’ai ramené de la brocante où je l’avais trouvé, son électronique montrait des signes de faiblesse. L’image était étirée et sautait.
Le problème se réglait lentement tout seul en laissant « chauffer » l’électronique quelques minutes et ce Minitel devenait alors parfaitement utilisable.
Mais ce problème revenait dès lors que je voulais m’en servir en l’ayant laissé débranché pendant plusieurs mois.
Je n’ai malheureusement pas gardé de trace photo ou vidéo de ce problème d’image.
Ce problème qui se résout lentement tout seul en laissant « chauffer » l’électronique est le signe principal de condensateurs fatigués.
S’il se serait résolu d’un coup en « chauffant » ou en tapotant pas trop fort l’appareil, on pourrait supposer à des soudures sèches qui font faux contact.
Je me suis donc mis en quête de remplacer tous les condensateurs chimiques présents ainsi que certains condensateurs film relié au secteur ou à de la haute tension interne.
J’ai listé 20 condensateurs à remplacer. Ça va, il y en a pas beaucoup.
Version PDF : Minitel 1 ABCD Telic-Alcatel TAE VB9 AE - Composants d'origine et de remplacement.pdf
On est ici sur des condensateurs à usage général, pas de condensateur spécifique hormis le condensateur de filtrage secteur qui doit suivre une norme particulière.
Pour les condensateurs chimiques radiaux, j’ai sélectionné des condensateurs radiaux Nichicon de série « UVK » (datasheet), « UVR » (datasheet), « UPJ » (datasheet) et Panasonic de série « M-A » (datasheet).
Ce qui me décidait entre Nichicon et Panasonic était juste le prix et la disponibilité.
Pour le gros condensateur chimique axial 22µF/100V, j’ai pris un condensateur de chez Vishay de série « 021 ASM » (datasheet).
Pour les autres condensateurs axiaux de plus petite taille, j’ai pris des condensateurs radiaux.
Un condensateur utilisait des connexions avec une disposition peu courante appelée « mounting ring » prévue pour supporter de grosses vibrations.
Cela ne devrait pas poser de problème que j’utilise des condensateurs avec des connexions plus ordinaires vu que je n’ai pas l’intention de faire trimbaler mon Minitel dans un colis un peu partout ou de lui faire faire un tour dans la machine à laver.
Ce type de connexion a probablement été décidé originalement pour éviter que les soudures ne s’abîment entre la sortie d’usine et l’arrivée chez l’utilisateur avec toutes les vibrations dues au déplacement.
Ce type de condensateur « mounting ring » semble être toujours fabriqué et la marque Vishay propose justement une référence avec leurs condensateurs de forme « MR » dans la série « 043 ASH » (datasheet) qui permet replacement direct de la pièce que j’ai dans mon Minitel avec exactement les mêmes dimensions.
Malheureusement, il ne doit pas y avoir beaucoup de demande pour ce type de composant et la référence, bien qu’affichée sur Mouser, n’y est pas disponible directement à la vente.
Mais j’avais déjà commandé et reçu les condensateurs pour ce Minitel depuis un moment donc voilà.
Pour le condensateur film MKT de filtrage secteur, j’ai pris une référence de chez WIMA série « MKP-X2 » (datasheet) en classe X2 (norme X actuelle pour ce type d’utilisation).
Et pour le seul condensateur film polyester RIFA PHE que j’ai voulu remplacer, j’ai pris du WIMA série « MKS 4 » (datasheet).
Une fois rassemblé tous les condensateurs neufs, j’ai commencé l’étape de remplacement des vieux condensateurs.
La partie logique avec ses 2 seules condensateurs chimiques :
Si on utilise des condensateurs radiaux à la place des axiaux pour ces derniers, attention avec les fils des connexions qui ne doivent pas toucher les pistes qui ne sont pas protégés par un vernis !
Si non, c’est court-circuits assurés et de possibles gros dégâts dans le reste de l’électronique.
La partie modem :
Pour cette partie, il n’y a eu que 2 petits condensateurs chimiques à remplacer.
La circuit alimentation et gestion vidéo :
Avant de la commencer, il est de bon ton de décharger la THT pour éviter de se prendre dans les doigts de la haute tension qui peut un peu piquer.
Il est possible de décharger la THT soi-même mais si vous ne vous sentez pas serein de le faire, ne le faites pas. Demander à quelqu’un d’autre ou laisser tomber la manipulation de cette partie de l’électronique.
Pour le faire, il faut :
1) Utiliser un câble avec des pinces crocodiles et un tournevis plat sans isolation plastique sur l’axe
Vu que le CRT est dans une structure en plastique, il se peut que la tétine se déconnecte toute seule lors de la manipulation.
Toucher avec l’embout du tournevis le contact de la tétine et l’endroit où le contact est sensé aller pour décharger l’alimentation THT et l’électricité statique encore présente dans le CRT.
4) Rester quelques secondes en contact pour bien décharger et vous pouvez retirer le tournevis.
C’est bon, vous avez bien déchargé la THT et vous avez désormais plus de chances de rester en vie lors des manipulations qui vont suivre !
Personnellement, quand je m’occupe de matériel avec un CRT, j’aime bien laisser l’alimentation THT tout le temps à la masse en connectant le contact de la tétine avec une pince crocodile.
Il est possible ensuite de s’occuper des composants :
Pour le condensateur « mounting ring », le condensateur Vishay que j’ai pris a les mêmes dimensions globales donc rentre sans problème.
Vu qu’il s’agit d’un condensateur axial, il faut faire longer une des connexions sur le côté du condensateur. J’ai protégée cette dernière avec de la gaine thermorétractable.
Au moment de l’insertion du nouveau condensateur dans le circuit imprimé, il faut faire attention là où mettre les bons pôles du condensateur.
Le « + » est au milieu.
Le « - » est sur les côté mais n’importe quelque trou. Certains ne sont connectés à rien.
Faire attention lors des manipulations de l’ancien condensateur si on a mis l’électronique sous tension dernièrement.
Ce condensateur « mounting ring » reste chargé longtemps après l’arrêt de l’appareil !
On peut le décharger en utilisant une résistance. Pour ma part, j’ai commencé à le décharger avec une résistance de 10 kΩ puis quand la tension a suffisamment baissé pour passer sous les 20 V, j’ai terminé avec une résistance de 1 kΩ.
Un seul condensateur chimique ici.
J’ai passé au testeur les anciens composants pour voir ce qu’ils valaient encore.
Les condensateurs film semblaient toujours bon même si leur capacité était légèrement plus basse que leur valeur nominative.
Les condensateurs chimiques, c’était aléatoire. Certains « OK » et d’autres plus en état douteux avec soit une capacité mesurée assez plus élevée signe possible d’une fuite de courant faussant la mesure ou une valeur d’ESR importante.
Le gros condensateur axial de 22µF / 100V située avant sur le circuit d’alimentation et de gestion vidéo n’a pas pu être mesuré sur mon premier testeur pourtant de bonne qualité. J’ai utilisé un second testeur qui a donné une valeur de 9,5 µF (-57% de la valeur nominale) et un énorme ESR de 150 Ω !
Ensuite, il fait tout remonter en reconnectant toutes les nappes :
Commencer par ressouder la nappe du clavier sur la partie logique :
Puis remettre la partie logique dans son emplacement et ressouder la nappe qui relie la partie logique et la partie modem :
L’opération est un peu délicate car le clavier est à nouveau connectée à l’électronique qui est revenue sur la structure en plastique du CRT.
Avant de remettre le CRT et le reste de l’électronique dans le coffret du Minitel, il est possible de tester si tout fonctionne.
L’interrupteur d’alimentation est un bouton à glissière resté sur le coffret en plastique qui appuie sur deux micro-switchs sur le circuit d’alimentation.
Il est possible de mettre un bout de ruban adhésif dessus pour forcer leur activation.
Faire attention à nappe du clavier !
Quand l’électronique est réinsérée mais pas encore clipsée, on peut passer le Minitel en position verticale.
On voit que la structure en plastique du CRT n’est pas encore complètement rentrée.
Regarder à l’arrière du Minitel si le circuit imprimé de la partie logique s’est bien emboîté.
Il est possible désormais d’appuyer délicatement sur l’arrière du Minitel pour enfoncer la structure en plastique du CRT et entendre les « clic » des différentes attaches.
En appuyant sur le plastique pas très loin sans trop insister, on la voit mieux.
J’ai mis de la colle cyanoacrylate pour éviter que la fissure augmente. C’est pas très joli comme rafistolage mais la fissure n’évoluera plus.
L’idéal serait de récupérer le coffret d’un autre Minitel en panne ou HS mais je n’avais pas envie d’acheter un autre Minitel juste pour ça alors que la réparation à la colle reste relativement discrète, surtout qu’elle est sous l’appareil.
En plus, si j’achète un autre Minitel et qu’il n’est pas suffisamment pété, je risque de vouloir le réparer et me retrouver avec un autre Minitel !:D
Petit détail esthétique à corriger :
Des écritures manuelles faites au stylo bille sur les touches étaient présentes quand j’ai eu ce Minitel.
J’ai pu les effacer avec une gomme à crayon à papier.
Et ce Minitel est désormais terminé !
Petite information sur l’utilisation de ce Minitel :
Il semble assez sensible aux parasites ou aux signaux téléphoniques de mauvaise qualité.
J’ai remarqué que j’avais des problèmes de connexion juste à cause d’un connecteur téléphonique en T qui faisait des faux contacts.
En écoutant le son de la ligne dans le combiné du téléphonique, j’entendais des petits crachotements alors que je n’avais même pas composé de numéro.
Le problème s’est résolu en branchant le Minitel sur une autre prise téléphonique en T.
Une fois ce Minitel remis en état, j’ai profité du fait que son clavier marche très bien pour faire un mapping du connecteur pour le jour où une ou des touches ne régiront plus.
Il y a 16 fils sur la nappe du clavier.
Le clavier utilise un système classique avec un courant est envoyé sur 8 fils un à la fois.
Lorsqu’une touche est appuyée, le courant ressort sur un des 8 autres fils.
Les fils de la nappe suivent l’organisation suivante :
Je n’ai absolument pas compris pourquoi il y a Y0 avant X0 à X7 ! Peut-être un rajout d’une liaison Y après que le reste du circuit soit fait ?
Les liaisons établies qui se produisent quand on appuie sur une touche sont indiqués dans le tableau suivant :
Par exemple : Si on appuie sur la touche ENVOI, une liaison électrique est établie entre X0 et Y3.
Les emplacements grisés dans le tableau sont des combinaisons qui sont reliés à aucune touche.
Je n’ai pas vérifié si le courant arrivant sur les fils en X ou en Y.
Dernier truc : En regardant les photos lors de la rédaction de cet article, j'ai remarqué sur une des photos prises au flash du démontage du cache arrière du Minitel qu'il y avait une marque dans le moulage de dernier pouvant faire penser qu'il y aurait pu avoir des modèles de ce Minitel avec une sortie Péritel !
Comme à son habitude, le chat a contrôlé chaque avancement de la remise en état de ce Minitel.