Il y a quelques temps, durant la RGC 2019, on m’a filé un ordinateur Atari 520 STF de 1986.
C’était super sympa de la part de la personne qui me l’a offert de me filer une ancienne machine informatique comme celle-ci.
De plus, je n’avais jamais eu auparavant de machine de la gamme des Atari ST.
Du coup, en rentrant chez moi, j’ai voulu l’essayer.
N’ayant jamais mis en marche un Atari ST, au début je croyais que cet ordinateur était en panne parce que j’avais juste un écran gris et des bruits dans le lecteur de disquette sans disquette à l’intérieur.
Son ancien propriétaire m’a alors indiqué de soit attendre un moment et l’ordinateur allait faire un time-out puis afficher le bureau ou de soit mettre une disquette formatée Atari ST dans le lecteur au démarrage pour que le système la détecte et affiche le bureau immédiatement.
Je n’avais aucune disquette Atari ST donc j’ai attendu. :)
Environ une minute plus tard, le bureau de l’interface utilisateur appelée le TOS s’afficha.
(The Operating System, ils se sont pas fatigués)L’interface utilisateur permet d’utiliser une souris pour déplacer le curseur.
Si on n’en a pas, il est possible d’utiliser les combinaisons de touches clavier « ALT + flèche haut/bas/gauche/droite » pour déplacer le curseur et faire « ALT + Insert » pour faire un clic.
Ces informations peuvent paraître inutiles pour ceux qui ont l’habitude d’utiliser ce genre de machine mais tant qu’utilisateur novice, on est bien content de les trouver.
La machine ayant démarré, il est alors une bonne idée de se faire une disquette « de démarrage » formatée Atari ST pour cette machine.
Il suffit juste de formater une disquette 3,5’’ 720ko avec cette machine.
Vu que ce genre de disquette est relativement rare de nos jours, il vaut mieux utiliser une disquette 1,44Mo classique à qui ont a mis un bout de ruban adhésif sur le trou en bas à droite de tel sorte que le lecteur pense que c’est une disquette 720Ko.
Je ne vais pas détailler ici comment on utilise un Atari ST (ou STF ou STE). Ce n’est pas le sujet de l’article mais plutôt ce qui va suivre.
A première vue, il a l’air de très bien fonctionner. Je suis plutôt content de cette nouvelle acquisition ! :)
J’ai voulu ensuite le démonter par curiosité pour voir comment c’était foutu à l’intérieur.
L’appareil s’ouvre en retirant dans un premier temps les vis dans les trous carrés dessous.
Ces vis permettent de retirer le capot.
Et une fois retiré, on a accès au clavier qu’on peut débrancher en tirant délicatement sur le connecteur.
Il y a plusieurs protections métalliques qui protègent l’alimentation, le lecteur de disquettes et la carte mètre.
En retirant toutes, voici ce qu’on trouve :
Et là, l’œil avisé pointe directement sur un truc …
En regardant de plus près l’alimentation, j’ai remarqué qu’un gros condensateurs était bombé !
Il s’agit un condensateur 47 µF 400V chargé de redresser la tension qui provient directement du secteur.
Bon et bien ... vu son état, il ne faut plus utiliser cette alimentation tant qu’au moins ce condensateur n’a pas été changé !
S’il continue de gonfler, il risque d’éclater et de faire de très gros dégâts !
Les alimentations d’Atari ST sont apparemment connues pour tomber plus souvent en panne par rapport au reste de l’électronique.
Bon après c’est celle qui chauffe le plus et qui donne à manger à tout le reste …
Donc avant de pouvoir continuer à m’amuser avec cet Atari STF, il va falloir changer le composant défaillant.
Vu que cette machine a tout de même 35 ans, il est assez normal d’avoir ce type de composant qui tombe en panne. Il serait donc utile de les changer tous avant qu’un autre bien âgé se retrouve dans le même état.
C’est partit pour lister chaque condensateur chimique se trouvant dans cette machine !
D’abord l’alimentation défaillante. La mienne est une Mitsumi SR98.
Oui, j’ai appuyé un peu sur le gros condo bombé pour voir et c’est bien dur ! Il doit y avoir de la pression là dedans ! :D
Tous les condensateurs chimiques de cette alimentation ont été fabriqués par Nippon Chemi-Con et sont de série SM (« General purpose ») ou NM (format Snap-In « Long case size »).
Curieux choix pour ce dernier d’utiliser un condensateur avec des terminaisons Snap-in sur un PCB.
Sauf information contradictoire, tous les condensateurs chimique sur cette PCB sont des condensateurs « General purpose ». Il n’est pas indiqué d’avoir besoin de composants « Low ESR » comme on peut le trouver sur d’autres alimentations à découpage du même type.
Pour lister tous les condensateurs chimiques présents, j’ai noté les caractéristiques suivantes :
- Marque et série (quand c’est identifiable)
- Type (« General purpose », « Low ESR », …)
- Capacité
- Tension
- Dimensions physiques (Longueur, largeur et écartement des pattes si nécessaire)
Pour ceux là, j’ai pu trouver des condensateurs de remplacement provenant de chez Nichicon.
Il y a également sur cette alimentation un condensateur film de filtrage secteur fabriqué par OKAYA.
Vu la mention « 40/085/21X2 » (cachée par le fusible sur la photo), je pense qu’il doit s’agit d’un condensateur de classe X2.
Pour celui-ci, j’ai trouvé un condensateur de filtrage secteur de classe X2 provenant de chez Wima.
Voici la liste complète des pièces listés et des pièces de remplacement pour cette alimentation :
Ensuite la carte mère :
Celle-ci est composée majoritairement de condensateurs chimiques axiaux. Seul 2 condensateurs sont des condensateurs radiaux.
Tous ont étés fabriqués par Unicon. Je n’ai pas pu déterminer de quelle série ils étaient afin de connaître leur type (« General purpose », « Low ESR », ...) sauf pour l’un d’entre eux qui a une indication précisant que c’est un condensateur chimique non polarisé mais je pense très fortement que sont tous des condensateurs « General purpose ».
Vu que les condensateurs axiaux sont de nos jours bien plus cher que les radiaux, je pense chercher plutôt des radiaux et les mettre en place dans une position particulière afin qu’ils puissent être soudés sur un emplacement pour condensateurs axiaux tout en étant moins chères, aussi efficaces et esthétiquement agréable à voir.
Pour les gros condensateurs, je vais garder le type axial.
Donc pour les valeurs jusqu’à 100 µF, j’ai trouvé des références de chez Nichicon et Panasonic.
Puis pour les grosses valeurs, ce sera des références provenant de chez Vichay.
Voici la liste complète des pièces listés et des pièces de remplacement pour la carte-mère :
Pour le démonter, il faut retirer les 3 vis ci-dessous situés sous la machine :
Il s’agit d’un Epson SMD-480L.
Ce lecteur de disquette est composé de 2 PCBs.
La première, contenant l’électronique de communication avec l’ordinateur et de lecture des informations provenant des têtes et qui possède 2 condensateurs chimiques radiaux.
L’un d’entre eux est un Nippon Chemi-Con de série SXE et pour l’autre, je n’ai pas pu déterminer de quelle marque/série il était.
La seconde, qui s’occupe du contrôle de la rotation du moteur faisant tourner la disquette, possède un condensateur chimique radial soudé en surface et 4 condensateurs chimiques CMS qui présentent des traces de fuite d’électrolyte.
J’ai trouvé des références de chez Panasonic pour ces deux PCB.
Voici la liste complète des pièces listés et des pièces de remplacement pour ce lecteur de disquette :
Après avoir reçu les nouveaux condensateurs, c’était partit !
Profitant du fait que l’ordinateur était ouvert, j’ai voulu inspecter l’état des contacts des touches du clavier.
Il y a BEAUCOUP de vis !
Tous les contacts sont bon !
Par contre, je ne recommande finalement pas à personne de démonter le clavier juste pour les contacts si ceci marchent encore.
Lors de la manipulation, j’ai perdu un des petits dômes en caoutchouc et impossible de le retrouver …
Donc … il a bien fallu en commander pour le remplacer !
J’ai pu en trouver un lot d’occasion sur eBay :
Un mois plus tard (Ça peut être long les courriers « International Standard » depuis l’Angleterre en périodes de fêtes de Noël), je les ai reçu :
Et j’ai donc pu réparer mon erreur :D
Les dômes « décollés » ont étés placés directement sur les touches.
C’est pour ça qu’il en manque pas mal.
Donc ne faites pas comme moi pour cela. Si le clavier marche bien, laissez-le tranquille ! :D
On reprend dans le même ordre que précédemment avec d’abord l’alimentation :
L’évolution de l’électronique faisant que les condensateurs deviennent plus petits pour les mêmes caractéristiques m’amusera toujours !
Et hop ! Une alimentation refaite !
Par curiosité, j’ai voulu contrôler l’état des anciens condensateurs avec mon testeur.
La moitié étaient à considérer comme HS ! Ils avaient soit bombé, soit perdu en capacité ou soit commencé à fuir donnant une capacité plus élevée à la mesure
Et la carte mère c’est fait !
J’aime beaucoup le montage des condensateurs radiaux en position axiale. Si on ne fait pas attention, on pourrait croire que ce sont des axiaux.
Là aussi, j’ ai testé les anciens condensateurs pour les contrôler.
Certains étaient OK, d’autres « mouais », un qui a perdu en capacité et pas mal qui avaient fuit en présentant des valeurs faussés plus élevées à la mesure.
Et pour finir, le tour au lecteur de disquette :
En retirant les condensateurs chimiques CMS, j’ai remarqué que l’électrolyte qui a coulé avait commencé à attaquer les pistes. Heureusement pas assez pour faire de dégâts mais il était temps !
Vu que j’ai détruit les condensateurs chimiques CMS pour les retirer, il m’est impossible de vérifier maintenant leur état au testeur. Mais que leur électrolyte s’était échappée, il était inutile de vouloir le faire.
Pour les condensateurs traversants, un seul des 3 était défectueux.
Vient désormais le moment de tout remonter et d’allumer le bazar …
Avant d’allumer l’ordinateur, je fais un contrôle des mesures à vide de l’alimentation pour voir s’il n’y a rien qui se serait mal passé qui pourrait faire des dégâts.
J’ai 5,2V pour le 5V et 11,1V pour 12V. C’est pas le grand luxe comme précision mais ça passe.
Je branche l’alimentation sur la carte-mètre et j’active le bouton de l’alimentation puis tout fonctionne !
J’ai fait également quelques tests avec le lecteur de disquette, tout fonctionne également.
Réparation terminée !
Je peux désormais profiter sereinement de mon Atari 520 STF sans qu’il y ait un composant qui me pète à la tronche ! :D
Voici la liste complète des pièces d’origine et remplacement que j’ai utilisé :
Atari 520 STF - Composants d'origine et de remplacement.ods(fichier LibreOffice Calc, ouvrable avec Excel)