En 2013, je me suis acheté cet onduleur Eaton Ellipse ECO 1600 pour protéger mon matériel électronique parce que j’avais de temps en temps chez moi des mini-coupures qui pouvaient durer d’une demi-seconde à quelques secondes et qui arrivaient au moins une fois par mois à l’époque ce qui est assez pénible quand on a un serveur informatique.
J’avais choisi de prendre un truc assez costaud pour alimenter suffisamment de matériel en même temps.
A l’époque, il avait coûté 259,90€, un prix pas négligeable. Il est toujours fabriqué aujourd’hui et son prix a légèrement augmenté.
Exemple chez LDLC :
Sauf que 8 ans plus tard, il tomba complètement en panne.
J’ai essayé de l’arrêter et de le relancer mais rien à faire. Il indiquait toujours comme quoi il avait un problème et refusait même de juste laisser passer le courant pour alimenter le matériel.
Il faut savoir qu’avant de tomber complètement panne, il avait déjà eu des comportements étranges il y a quelques temps.
Une fois, après une mini-coupure de quelques secondes, il a fait éteindre puis rallumer en boucle le matériel de façon rapide.
Cela avait provoqué des erreurs de système de fichiers de mon serveur et la panne totale de mon horloge Nixie.
Même s’il a quelques années, je voulais pouvoir le remettre en état. Je n’avais pas envie d’en acheter entièrement un autre si je pouvais éventuellement le réparer, surtout vu son prix neuf.
Vu l’âge, cela pouvait être les batteries. Mais à première vu, elles semblaient encore bonnes.
A première vue seulement …
En appliquant une charge, l’une des batteries passait de 13V à environ 2V !
Donc batteries à changer ! Et les deux ! Vu qu’elles sont en série et qu’elles se sont usées en même temps, il faut mieux changer ensemble. Si non, je vais me retrouver avec le même problème d’une des batteries HS peut-être d’ici moins d’un an.
Les batteries d’origine sont des batteries 12V au plomb HR1234W de chez B.B. Battery et d’une capacité de 7Ah avec des connecteurs Faston 6,35 mm.
J’ai pu trouver exactement le modèle de remplacement sur eBay reprenant la même référence, les mêmes caractéristiques et de marque CSB.
Ayant l’habitude de Mouser pour tout ce qui est de commande de matériel électronique, j’avais d’abord regardé dessus mais ils ne font pas les livraisons de batteries au plomb en France.
Cela est probablement dû au fait que les commandes sont expédiés depuis leur entreprise au Texas aux États-Unis par avion.
Mais au moins, j’ai vu récupérer la documentation technique. :)
J’ai voulu ensuite inspecter l’électronique …
Sur la PCB principale, j’ai trouvé l’inscription « 1200VA/1600VA POWER PHOENIX ».
Il n’y avait aucune mention d’Eaton sur la PCB.
En tapant cette information dans un moteur de recherche, j’ai vu des résultats concernant des convertisseurs de tension 12V vers 230V mais rien chez Eaton. Coïncidence ? Je ne sais pas.
J’ai remarqué un condensateur douteux qui était légèrement bombé sur le dessus.
Après l’avoir dessoudé, je me suis rendu compte qu’il avait fuit et en le testant, il était complètement HS.
Il s’agit d’un condensateur Low ESR de marque Jamicon.
Cette marque est connu pour des condensateurs « moyens ». Ils marchent … au début … mais ils se sont pas connus pour durer.
Ce choix de marque de condensateurs est étonnant pour du matériel qui doit fonctionner 24h/24 et 7j/7 pendant des années et qui doit servir de système de secours en cas de panne électrique !
J’ai vérifié par la suite les autres condensateurs avec la fonction de test « in-circuit » (tentative de mesure des condensateurs toujours dans leur circuit sans les dessouder) de mon appareil de mesure.
J’ai trouvé des valeurs légèrement inférieurs puis des fois il n’arrivait pas à lire, ce qui se arrive avec les tentatives de mesure alors que le condensateurs est toujours en place.
Donc des résultats qui semblaient normaux pour des mesures « in-circuit ».
Si je voulais avoir des mesures précises, il fallait tout dessouder. Mais j’avais un peu la flemme … :D
Vu que tous les condensateurs avaient vécu 8 ans en continu, je doutais qu’il y allait probablement en avoir un autre en mauvais état, j’ai alors décidé de tous les changer pour remettre cet onduleur en état de fonctionnement.
Cela représentait 15 condensateurs à changer, rien de bien méchant.
En les listant tous, j’ai remarqué qu’ils provenaient tous de chez le fabricant Jamicon et que seulement les 2/3 étaient en 105°C alors que vu la taille du circuit, ils doivent supporter quasiment tous la même température ambiante à l’intérieur de l’appareil.
J’ai trouvé des condensateurs de remplacement chez Nichicon et Panasonic, des marques un peu plus connus pour leur fiabilité.
Ils ne font pas des composants hors de prix mais des composants dont on peut avoir confiance, ce qui est mieux pour ce genre d’appareil.
Après avoir tout reçu, c’était partit pour tout remplacer.
L’électronique est répartie en 3 PCB :
- Une PCB principale avec l’entrée 24V des batteries et le convertisseur DC 24V vers AC 230V.
- Une PCB secondaire avec des connecteurs téléphoniques RJ11 avec un système parafoudre et l’entrée USB
- Une autre PCB secondaire avec un microcontrôleur ST permettant de contrôler l’ensemble
J’ai commencé par la PCB secondaire avec le microcontrôleur ST :
Puis celle avec les connecteurs RJ11 et USB :
Bon, ok là il y a juste un seul pauvre condensateur qui a été changé
Et pour finir la PCB principale :
Mais lorsque je me suis occupé de cette dernière, j’ai vu un détail qui me sauta aux yeux.
Je ne l’avais pas vu tout de suite car les anciens condensateurs étaient maintenus par de la colle blanche opaque pour éviter les vibrations et les risques de dessoudure.
L’alimentation 24V était protégée par 2 fusibles 40A en parallèle (déjà ça c’est étrange, pourquoi pas un seul de 80A?) qui sont des fusibles automobiles ordinaires ATC soudés directement sur la PCB !
Sur le moment, je trouvais cela étonnant et puis pas tellement car ce genre de fusible est utilisé en automobile là il peut y avoir de forts courant sous 12V ou 24V comme avec un démarreur par exemple. Donc pourquoi pas, c’est une idée !
Puis j’ai voulu chercher des informations sur de tels fusible sur Mouser et là, surprise !
La marque Eaton fabrique des fusibles automobile de ce calibre ! J’ai trouvé des fusibles Eaton BK/ATC-40.
Donc ils ont utilisé ces fusibles car ils faisaient le taf et que cela revenaient probablement moins cher à Eaton d’utiliser ses propres fusibles.
Bon au moins ça sera pas trop cher à remplacer si besoin un jour !
Mais cela aurait été bien si les fusibles aient été sur des supports au lieu d’être soudés.
Revenons à nos condensateurs, tous sont remplacés, cela représente une petite quantité.
Maintenant que les anciens ont tous été dessoudés, j’ai voulu les vérifier avec mon appareil de mesure.
Littéralement TOUS étaient défaillants ! Ils étaient soient HS ou avec une capacité 5 à 20% inférieure à celle indiquée !
C’est vraiment pas terrible !
Vient ensuite le remontage du tout :
Et là il démarre normalement !
Je l’ai laissé charger ses batteries à fond pendant au moins 24h puis j’ai fait un test de bon fonctionnement avec comme charge une imprimante 3D avec la buze et le plateau qui chauffent (350W), un magnétoscope S-VHS (50W) et un projecteur Super 8 (170W).
Cela représentait environ 570W au maximum mais sachant que toutes les fonctionnalités des appareils reliés ne sont pas en marche, je pense qu'on devait être autour des 400W.
Je n’avais pas de Wattmètre sous la main pour mesurer cela précisément.
(Oui, je sais comment on calcule la puissance en Watts avec la tension et l’intensité mais je n’avais pas envie de couper un câble d’alim juste pour ce simple test. Les appareils reliés étant déjà bien représentatifs d’une charge pouvant être demandé à un onduleur)
Ce qui, dans le cas où un serveur informatique serait relié à la place, donnerait largement le temps de tout éteindre proprement.
Note : Je pouvais faire appel au logiciel Eaton de suivi de l’onduleur pour connaître la consommation électrique en cours mais celui-ci ne me donne pas l’information.
Ensuite, j’ai voulu voir à quoi pouvait ressembler le signal alternatif généré par cet onduleur lors d’une coupure.
Pour référence, voici le signal alternatif sortant de l’onduleur lorsque celui-ci est toujours relié au secteur. Il s’agit donc du signal provenant directement de la prise murale :
Et voilà ce qu’on obtient quand la prise murale est débranchée et qu’il y a une charge de 170W (mon projecteur Super 8 présenté plus haut) :
Certes, ce n’est pas un appareil qui génère un signal « pure sine wave ».
Mais quand même c’est vraiment moche comme signal !
Si je met une petite charge telle que le chargeur de mon téléphone portable avec mon téléphone en train de charger, voici ce qu’on obtient :
Il va pouvoir reprendre son poste avec le fait que j’ai un peu plus confiance en lui sachant que je sais ce que j’y ai mis pour le remettre en état.
Mais vu son prix de vente et la qualité des composant qui s’y trouve, ce n’est pas du matériel que je vais recommander d’acheter en neuf.
Si vous arrivez à en trouver un à pas cher d’occasion et que vous êtes suffisamment bricoleur pour remplacer les pièces en mauvais état, ça peut-être intéressant.
Je m’achèterais bien la version PRO de ce modèle juste pour voir si c’est aussi mauvais à l’intérieur mais les modèles d’occasion sont chers que ce soit sur eBay ou LeBonCoin !
Sur eBay :
Sur LeBonCoin :
Avec ce que j’ai vu comme qualité de composants à l’intérieur de la version ECO et ayant des suspicions sur le fait que la version PRO ne soit qu’une version ECO avec juste un écran LCD en plus et avec la même qualité de composants, je donnerais pas plus de 50€ pour un modèle d’occasion sans ou avec batterie HS. :D
Voici la liste des pièces d’origine et remplacement que j’ai utilisé :
Eaton Ellipse ECO 1600 - Pièces d'origine et de remplacement.ods (fichier LibreOffice Calc, ouvrable avec Excel)
Je m'attendais à mieux niveau qualité de fabrication pour un appareil de sécurité qui doit fonctionner 24/7/365.
J'espère qu'entre 2013 et 2020 ils ont amélioré un peu la conception interne (mais j'en doute fort).
Merci pour les détails en tout cas, je vais garder tout ça précieusement "si jamais"... ou plutôt "le jour où" ça tombera en panne.